Depuis 2021, 22 chercheurs sont réunis autour d’un Programme Collectif de Recherche (PCR) portant sur les sites à enclos fossoyés de la moyenne vallée de la Garonne. Ce programme, sous la direction de Laurence Benquet et Frédérique Durand de l’INRAP, souhaite proposer une synthèse régionale de ce type de site archéologique datant de l’âge du Fer.

Ce PCR a pour objet de mieux caractériser les sites à enclos fossoyés et leur rôle dans la société gauloise. Cette recherche s’inscrit dans la continuité des campagnes de prospections aériennes et des fouilles préventives, initiées à la fin des années 1990/2000 dans la région Occitanie.
De nombreuses recherches à l’échelle nationale ont concerné ces sites à caractère ruraux ; néanmoins le PCR Enclos souhaite centrer son corpus à l’échelle de la région Occitanie. Ce corpus se compose au total de 28 occupations ayant fait l’objet d’une fouille archéologique. Elles sont localisées dans la moyenne vallée de la Garonne entre Toulouse et Montauban.


La problématique de la recherche dirigée par Frédérique et Laurence questionne la nature globale et archéologique de ces occupations en terme de :
- Fonctionnalité : Ces sites ont-ils des vocations plutôt agricoles, artisanales ou résidentielles ?
- Constructions : Les fossés ont-ils été creusés pour marquer l’espace et/ou drainer des sols ? Existe-t-il une typologie de ces enclos fossoyés ?
- Société : Revêtent-ils un caractère défensif ou ostentatoire ?
La première année de recherche n’a pas fait ressortir de schéma particulier concernant la forme de la construction. Selon les différents lieux celle-ci peut varier (rectangulaire, carrée, trapézoïdale ou irrégulière) voire rester inderterminée.
Concernant les superficies observées, elles sont également variables et peuvent être classées selon trois modules :
- Petits enclos < 5000 m²
- Enclos moyen 5000-10000 m²
- Grands enclos > 10 000 m²
Reste à savoir s’il existe une corrélation entre la forme et la superficie, si la forme évolue dans le temps, ou au contraire si elle est davantage influencée par la nature ou le statut des occupations.

Pour répondre à ces nombreux questionnements le PCR regroupe des disciplines archéologiques variées, comme la palynologie, la carpologie, l’anthracologie, l’étude du bâti, qui permettent d’apporter divers éléments d’analyses et de réponse à la recherche.
L’étude de la céramique (vaisselle de table, amphore..), la carpologie (reste de graines…) et l’archéozoologie (étude de la faune) associées entre elles, permet de donner des informations sur la chronologie des lieux, les habitudes alimentaires, potentiellement la nature des enclos et pourrait permettre de hiérarchiser les sites entres eux.
La bioarchéologie apporte des données concernant le degré de l’occupation humaine des territoires (place des espaces naturels par rapport aux champs, pâturages, vergers) et les pratiques agro-pastorales.
Enfin l’étude des traces du bâti contribue à donner une idée de la structure et de l’occupation de l’espace dans ces enclos.
=> Pour en savoir plus sur l’étude du bâti découvrez le portrait de Pierre Péfau, sous contrat dans le cadre de ce PCR ici.



Petit rappel chronologique :
L‘âge du Fer est une période qui correspond à la seconde partie de la Protohistoire. Elle s’étend de 800 avant notre ère à la fin du Ier siècle de notre ère. C’est de cette époque que datent les enclos étudié dans ce PCR. C’est également l’époque de nos « ancêtre les Gaulois « .
Qui étaient les gaulois ?
Certains auraient tendance à nous dire Astérix et Obélix, mais ils ont tort par Toutatis ! La définition des gaulois ne se résume pas à cet imaginaire, d’hommes frustres, incultes et mangeant du sanglier à chaque repas.
L’appellation Gaulois est en réalité une dénomination donnée par Jules César aux Celtes vivant en France.

La Gaule est alors divisée en 3 parties, la Gaule Belgique au nord-est, l’Aquitaine au sud-ouest et la Gaule Celtique entre les deux. Cette division est en réalité bien plus complexe puisque de nombreux peuples gaulois habitent ces territoires. Chaque peuple-État, avide d’indépendance, dispose de son propre gouvernement et de sa propre armée.
Cependant, même si la Gaule nous semble divisée, la multitude de peuples qui la composent ont un point commun : ils partagent des savoirs faire agricoles, commerciaux, d’artisanat et d’urbanisme assez élaborés bien plus que ce notre cher Astérix laisse à penser.
Les habitats gaulois sont construits en terre et bois et la toiture est recouverte de chaume. Les parois en terre peuvent être bâties avec des briques de terre crue (en adobe ou en torchis) ou bien l’élévation de la paroi peut être en torchis sur clayonnage.
Ces matériaux étant périssables, ces habitats ont aujourd’hui disparu. Il ne reste alors que certaines traces archéologiquement visibles : les trous de poteau, les traces des fossés, des vestiges de clayonnage brûlés…


https://www.village-gaulois.org

À cette époque les villes existent mais la majorité de la population habite en campagne dans des fermes. Il existe également des villes fortifiées bâties sur des hauteurs aux murs d’enceinte imposants que l’on nomme oppida.
Les enclos quant à eux se définissent comme une zone fermée par une barricade naturelle ou artificielle délimitant un espace de vie. Lorsqu’ils sont fossoyés c’est qu’un fossé a été creusé autour de l’enclos. La démultiplication de la construction de ces sites « reflète une intensification de la production agricole dont les surplus concourent aux échanges, à l’enrichissement des communautés, à leur spécialisation, et à la relance du processus d’agglomération, puis d’urbanisation » (©Inrap, Occupations, habitats de l’âge du Fer).
Cependant attention, l’appellation générique d’enclos fossoyé rural doit être parfois nuancée selon l’implantation géographique de ces sites par rapport aux oppida, aux agglomérations ouvertes (dépourvues d’enceinte) et aux voies de communication terrestres ou fluviales « où les activités artisanales, les échanges et la production agricole cohabitent de manière plus ou moins imbriquée.« (©Inrap, Occupations, habitats de l’âge du Fer).