Prospection thématique sur la commanderie templière de Gimbrède
La prospection thématique sur la commanderie templière de Gimbrède est le fruit de plusieurs années de travaux universitaires (Masters) et d’une première prospection thématique sur les annexes agricoles des sites gersois. Ces recherches ont mis en évidence le riche potentiel archéologique du site, malgré une historiographie locale considérant les recherches comme stérile. L’analyse des sources anciennes et l’étude archéologique des élévations d’une partie du village ont clairement démontré la conservation de vestiges datés de la période du Temple en particulier l’église. Mis en perspective avec les recherches faites à la commanderie de La Cavalerie et à la grange de Martin, l’ensemble de ces données prend du relief au niveau du Sud-Ouest.Dans un contexte de renouvellement de la recherche historique et archéologique sur les ordres militaires en France et en l’absence d’études dans le département du Gers, cette demande de prospection thématique comble le vide des connaissances sur l’ordre du Temple en Gascogne.

Problématiques
Afin de dépasser les visions réductrices sur l’architecture des templiers développées dans l’historiographie depuis le XIXe siècle (cf. supra), les problématiques autour de la topographie primitive de l’ordre du Temple et l’organisation interne d’une maison dans le cas présent celle de Gimbrède paraissent plus adaptées pour comprendre l’identité architecturale de l’ordre. Ces maisons suivent-elles un modèle monastique précis comme souvent chez les clunisiens ou les cisterciens à savoir : une église, un réfectoire, un dortoir, des annexes agricoles… organisés autour d’un cloître? Dans le Gers, nous pourrions prendre pour exemple sur l’abbaye cistercienne de Flaran extrêmement bien conservée. Les dernières études tendent à montrer la prégnance de l’architecture castrale et défensive des sites templiers ainsi qu’une récurrence dans la présence d’une tour regroupant parfois les différentes fonctions : religieuse, résidentielle, agricole et défensive.
De plus, la question de la clôture séparant moines et laïques est une préoccupation concernant le Temple et les ordres militaires en général. Pour exemple, en Midi-Pyrénées seul le Grand Prieuré de Toulouse possède un cloître matériellement marqué. Dans le cas de la maison de Gimbrède, un habitat s’est très rapidement agrégé à l’établissement monastique. L’église est paroissiale dès le milieu du XIIIe siècle et les sources témoignent des difficultés de délimitation entre domus et village englobés dans le même espace défensif (remparts et fossés). Le cimetière, au centre du village durant les époques médiévales et modernes, est à cet égard un excellent témoin des relations conflictuelles entre l’ordre et la communauté villageoise. Il convient aussi de revenir sur la genèse de l’implantation des templiers sur le site de Gimbrède. L’ordre s’installe-t-il sur un petit promontoire naturel ou aménage-t-il lui même en hauteur l’espace où construire son établissement ?

Méthodologie
Pour répondre à ces problématiques, l’opération de prospection thématique menée à Gimbrède a pour objectifs :
- Établir la topographie générale du centre historique de Gimbrède
- Comprendre l’histoire de la formation du site et caractériser les premières phases d’occupation du site
- Poursuivre l’étude monumentale et évaluer le potentiel archéologique de la maison
Afin de parvenir à l’aboutissement des objectifs, dans l’année 2015, du présent projet de prospection thématique, nous proposons plusieurs axes de recherches :
- Axe 1 : Topographie du site
- Axe 2 : Géoarchéologie du site
- Axe 3 : Archéologie
Chaque axe est divisé en plusieurs sous-thème (ateliers) permettant de répartir le travail en fonction de la spécialité de chaque membre de l’équipe.
AXE 1-TOPOGRAPHIE
1) Acquisition et recalage des données anciennes : Déjà entamé durant le Master, la topographie monumentale du village et de la commanderie devra être poursuivie, notamment à partir des archives et sur le terrain.
2) Collecte de données topographiques complémentaires : Des compléments de prises de données seront réalisés au tachéomètre afin de partir sur une base topographique saine tout en précisant le plan de certains édifices comme l’église
3) Constitution d’une nouvelle cartographie du centre historique du village : À l’aide des sources et d’une nouvelle topographie générale, nous pourrons préciser un peu plus par période, l’évolution de la commanderie et ses relations avec l’habitat villageois (notamment la « clôture » moines/laïque)
AXE 2-GEOARCHEOLOGIE
1) Géomorphologie générale du site : L’étude géomorphologie globale du paysage illustrera la genèse et l’évolution du site et permettra de mettre en place un premier phasage de son histoire. Elle éclairera aussi le choix d’implantation de cette maison en ces lieux.
2) Géoarchéologie du site : Les analyses sédimentaires des coupes, des couches géologiques, des remplissages dans les sondages feront le lien entre l’histoire du paysage et l’occupation du site. Ces études restitueront le cadre général des occupations et préciseront les conditions taphonomiques des différents vestiges.
3) L’approche géophysique sur l’espace monastique primitif : Des prospections géophysiques menées près de l’emplacement des bâtiments primitifs de l’établissement devraient permettre de compléter les recherches sur l’espace monastique primitif en précisant le positionnement topographie des bâtiments notamment de la tour.
AXE 3-ARCHEOLOGIE
1) Reprise de l’étude de l’église templière : étude du bâti et sondages au niveau du chevet : L’église templière est le seul édifice ayant bénéficié d’une étude plus poussée dans le cadre du Master. Il reste cependant des hypothèses à valider notamment autour de la construction du chœur, de la sacristie et de leurs liens avec les structures accolées (prisons, boucherie, presbytère,…). Les murs du chœur ont fait l’objet d’une réfection mettant les parements à nu et rendant possible une étude de bâti plus précise (apparition d’une porte, possibilité d’étude de la mise en œuvre de la voûte,…)
2) Localisation, datation et topographie primitive : la tour : Les sources anciennes mentionnent à plusieurs reprises un tour dite « du Temple » à proximité de l’église et du cimetière. Cette structure, massive, disparaît entre la Révolution Française et l’élaboration du cadastre de 1837. Des sondages localisés permettront d’apporter des informations sur l’un des bâtiments primitifs supposé de la domus. La tour semble être d’après les études récentes un élément principal de l’espace monastique du Temple et pourrait constituer une spécificité de la topographie et de l’architecture de l’ordre.
3) Bâtiments résidentiels primitifs : Les recherches sur la topographie monastique initiées par les documents d’archives se poursuivront logiquement par des sondages archéologiques, qui permettront d’éclairer l’occupation du jardin de l’actuel presbytère situé à proximité de l’église. Les recherches menées en Master semblent, en effet, indiquer la présence d’un bâtiment (dont la fonction reste pour le moment indéterminée) relevant de la commanderie qui compléterait le duo église-tour.
4) Limites du cimetière : L’église et la tour se trouvant en limite de confront du cimetière, le potentiel funéraire est fort. L’objectif est ici de préciser les limites du cimetière par rapport à celles figurées sur le cadastre dit napoléonien. Les sondages permettront de rendre compte de l’état de conservation du cimetière à savoir : sépultures en place ou largement perturbées par des remises à niveau, à plat de la place publique.
Les résultats de l’opération
Le rapport d’opération sur la commanderie de Gimbrède est disponible