Saint-Just Valcabrère

Contexte historique

Tout au long du XXe siècle, des chantiers de fouilles archéologiques se succèdent et donnent lieu à la découverte du centre monumental de Lugdunum des Convènes : Saint-Bertrand de Comminges en Haute-Garonne.

Les recherches permettent de comprendre la structuration du paysage urbain emblématique des villes antiques durant le Haut-Empire (27 av. J.-C. – 192 ap. J.-C.) et son évolution jusqu’au début du Moyen Âge.

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Carte postale, après 1912

La ville est fondée en 72 av. J.-C. par Pompée. Elle commence à se doter des infrastructures urbaines nécessaires à une cité romaine dans les années 20 av. J.-C., sous le règne d’Auguste qui impulse un vaste programme de réorganisation et de romanisation de la Gaule. Un centre urbain se développe avec un théâtre, le forum et son temple consacré au culte impérial, un marché et des établissements thermaux.

La période du Haut-Empire est faste pour la cité de Lugdunum des Convènes qui obtient le titre de colonie romaine. L’apparat urbain de la ville est le miroir de son statut politique et de ses privilèges. Le trophée augustéen, affirmation puissante du pouvoir impérial, en est un bon témoin.

 

Tout au long du Bas-Empire (192 ap. J.-C.– 476 ap J,-C.), la ville va progressivement perdre de son importance, en lien avec la crise économique et politique du IIIe siècle, puis le phénomène de rétractation urbaine. Les riches propriétaires de villas urbaines vont abandonner leur demeure en ville pour aller vivre à l’année dans leur domus périurbaine. La construction de la basilique paléochrétienne au Ve siècle de notre ère, dans le quartier du Plan, marque la christianisation de la société.

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Vestiges de la basilique paléochrétienne © st-bertrand.com

Les fouilles archéologiques menées par William Van Andringa (EHESS)

Un Projet Collectif de Recherches dirigé par William Van Andringa (École Pratique des Hautes Études, université PSL, Paris) coordonne le travail d’une quinzaine de chercheurs reconnus sur le site de Saint-Bertrand-de-Comminges/Valcabrère.

Les 17 axes de recherches définis tiennent compte de l’évolution du projet lui-même ainsi que des questionnements qui émergent des enquêtes en cours, par les chercheurs provenant de l’Université, des Musées et de l’Archéologie Préventive.

Les lignes d’enquêtes actuellement explorées sont centrées sur l’étude de la périphérie urbaine de Lugdunum des Convènes de l’époque romaine au Moyen Âge. Elles sont destinées à compléter les observations faites tout au long du XXe siècle sur l’espace urbain et le centre monumental.

Les données nouvelles produites depuis 2016 conduisent tout naturellement et progressivement à réévaluer ou questionner notre connaissance du centre urbain.

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Données de la prospection géophysique. (c) Plan de l’ÖAI, S. Groh et al.

Les fouilles menées dans la périphérie orientale de la ville romaine ont d’abord révélé les vestiges du grand mausolée d’Herrane, installé dans un parc arboré et intégré sans doute dans une villa suburbaine qui faisait face à la ville. Le monument funéraire, de très grande taille (11 m x 13 m d’emprise au sol) était encore visible au XIXe siècle. Daté du IIe siècle ap. J.-C. et tourné face à la ville, il signalait la mémoire et le pouvoir d’un très grand personnage de la cité des Convènes.

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Mausolée d’Herrane au nord (à droite) © J. Estrade

Toujours dans la périphérie orientale de la ville romaine, le secteur de Saint-Just a livré cinq monuments funéraires romains. Cinq mausolées, datés pour l’instant du IIIe – IVe siècle, sont en cours d’étude. Les dimensions identiques de quatre des tombeaux comme leur alignement le long d’un fossé parcellaire permettent pour l’instant de privilégier l’hypothèse d’une nécropole monumentale rattachée à une communauté non identifiée (familiale ? supra-familiale ? religieuse ?). L’histoire des mausolées, ruinés puis réoccupés tout au long du Moyen-Age par des aires funéraires et des unités d’habitation, documentent pour la première fois les formes d’occupations ayant succédé à la ville antique, décrite déjà dès le VIe siècle ap. J.-C. par Grégoire de Tours comme une réalité largement rurale.

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Mausolée à chambre hypogée en cours de fouilles, 2017. © W. Van Andringa

Dès 2018, une fouille triennale intégré au Programme Collectif de Recherches « Saint Bertrand – Valcabrère : entre ville et campagne. Archéologie d’une périphérie urbaine de l’époque romaine au Moyen Âge » débute. Ces fouilles en aire ouverte ont pour but d’étudier les pratiques et les espaces funéraires de l’Antiquité tardive, la place de la nécropole dans la structuration de la périphérie urbaine, et de caractériser les occupations postérieures du premier Moyen Âge.