Haille-de-Pout 2016

Thomas Perrin réalise en 2015 des sondages archéologiques sur un amas empierré. Ces sondages livrent des céramiques du début du Bronze ancien (1800-1500 av. JC). En 2016, une opération de sondages est mise en place sur l’emprise de l’amas empierré. La problématique principale est la caractérisation fonctionnelle de cet amas : funéraire ou habitat, pour ce site situé à 2000 m. d’altitude. En complément trois sondages sont entrepris à proximité sur des anomalies comportant des empierrements.

 Secteur 1

La fouille de 2016 a permis de mettre en évidence les vestiges d’une structure dont les soubassements en pierres sèches et le remplissage permettent de proposer l’existence d’une habitation et d’un probable enclos accolé.

bouton02petit01 Visualisation 3D de la cabane 1

Bronze Ancien : la structure principale est composée d’un double parement de gros blocs de granit, à remplissage de terre et de pierres de petits modules, délimitant une surface interne d’environ 5m par 3m. Ces murs n’ont pu être fouillés cette année, et sont en relation avec la dernière phase d’occupation, attribuable pour l’heure au Bronze moyen (1800-1500 av. JC).

Epicampaniforme : l’occupation la mieux conservée se situe en-dessous de cette construction ; elle peut être datée par le mobilier céramique et une date radiocarbone à l’Epicampaniforme, soit entre 2200 et 2000 avant notre ère. Ces niveaux incendiés ont livré un lot important de mobilier, comme des tessons de céramique, du macro-outillage (meules et percuteurs), de l’industrie lithique taillée en silex, ainsi qu’un lot important de charbons et de bois brûlés sous la forme de brandons et de planchettes, probablement en lien avec la superstructure de l’habitation.

Néolithique : en sus, sous cette occupation, un niveau terminal probablement attribuable au Néolithique (fin de la Préhistoire, mise en place de l’agriculture et de l’élevage). Il n’a pas été fouillé en 2016.

Sondages complémentaires

En parallèle à la fouille du secteur principal de 2016, trois sondages sont réalisés sur d’autres amas empierrés situés à faible distance. Ils nous renseignent sur l’environnement du sondage 1. Est-il isolé ou est-ce un ensemble plus complexe incluant des occupations multiples ? Toutes ces excavations se sont avérées positives.

Médiéval : le sondage 3 présente des vestiges d’occupations matérialisés par l’aménagement d’un empierrement. Seul un tesson de céramiques sous l’empierrement et quelques uns dans un trou de poteau attribuent ces occupations à l’âge de Bronze.

Protohistoire large : le sondage 4, sous une occupation historique, a livré un niveau faiblement conservé attribuable à la Protohistoire au sens large.

sondage-2
Sondage 2 (c) Guillaume Saint-Sever

Age du Bronze : le sondage 2 livre pour sa part une succession de couches appartenant à l’âge du Bronze, en lien avec un parement en pierre. Ce dernier ensemble montre une bonne conservation, avec des niveaux d’habitats incendiés qui se développent sur environ 40 cm de puissance et qui correspondent à trois phases d’occupations successives. Ces niveaux ont livré un gobelet écrasé et de nombreux tessons, de l’industrie lithique taillée, du matériel de mouture, une zone rubéfiée laissant supposer la proximité d’un foyer ou des brandons de bois brûlés pouvant appartenir à des éléments d’architecture. Le mobilier archéologique des différentes phases d’occupations se rapporte au début de l’âge du Bronze.

coupe-sondage-2
Coupe du sondage 2, niveaux supérieurs incendiés (c) Guillaume Saint-Sever

Devant ces nombreux résultats positifs, l’équipe de Guillaume Saint-Sever souhaite poursuivre les recherches dans le cadre d’une triennale.

Construire un référentiel

La fouille du gisement servira de référentiel pour les habitats de l’âge du Bronze de haute montagne. En effet, depuis plusieurs années des sondages pratiqués dans les Pyrénées occidentales suggèrent l’existence d’occupations d’altitude (vallée d’Ossau, montagne d’Anéou), mais des fouilles extensives n’ont pas pu encore être réalisées, hormis pour l’habitation d’Enveigt dans les Pyrénées Orientales. Ces occupations sont souvent interprétées comme des estives liées au pastoralisme voire à des transhumances, mais l’implantation de ces habitats dans des districts miniers ou sur des voies menant aux cols frontaliers actuels indiquent peut-être une occupation et une gestion du territoire plus complexe. Des traces d’exploitations ancienne du cuivre sont attestées dès la fin du Néolithique à la mine de de Banca (Pyrénées Atlantiques), et les travaux sur les pollutions par isotopes de plombs décelés dans les tourbières des Pyrénées occidentales indiquent également des exploitations importantes des minerais au cours de l’âge du Bronze.

Un corpus archéologique

Les résultats fournis par la fouille permettront également d’alimenter un corpus archéologique encore faiblement représenté pour ces périodes. Le mobilier céramique fournira des référentiels chrono-typologiques avec des ensembles bien datés, qui serviront à une meilleure définition des productions potières dans les Pyrénées centrales à l’âge du Bronze, grâce à des études sur les techniques de montage et sur la composition et les provenances des pâtes. L’industrie lithique taillée permettra une meilleure définition des productions domestiques lithiques de l’âge du Bronze. Le matériel de mouture et l’étude de caramels alimentaires fourniront des indications sur une partie des activités domestiques réalisées sur un gisement d’altitude. Les restes de bois brûlés permettront une meilleure définition du paléo-environnement pour ces périodes, ainsi que de possibles indications sur les modes architecturaux usités. Des études paléo-environnementales, comme en carpologie ou en parasitologie seront également entreprises.

Les cercles de pierres

Ces recherches permettront aussi de faire le point sur les fameux « cercles de pierres » considérés comme funéraires, présents dans tout l’ouest pyrénéen dont la fonction sera à réévaluer pour certains. 

flèche retour pages précédente Retour Cirque de Troumouse