Pour cette quatrième mission Human origins in Namibia, un peu plus longue que les autres, nous sommes à nouveau au cœur des Aha Hills, aux confins nord est de la Namibie. L’équipe poursuit ses prospections, plus au sud, dans un secteur où les massifs semblent de moindre ampleur, comme c’est le cas pour ceux recelant les grottes Drotsky au Botwana. Nous investissons un nouveau secteur, plus à l’ouest, dans les montagnes d’Otavi. L’objectif y est de mieux comprendre le fonctionnement de ces reliefs…
Les trois premières missions exploratoires (voir mission 2015, mission avril 2016 et mission décembre 2017) avaient pour but de trouver des points de repères, de comprendre la géologie et la géomorphologie générale de la région. Nous sommes allés plusieurs fois de l’autre coté de la frontière, au Botswana, observer quelques exemples de grottes pour mieux connaître notre objet d’étude. Au programme de cette session : les Aha Hills dans un premier temps et ensuite les Otavi Mountains…
Première partie de la mission : les Aha Hills

Le 19 novembre, arrivée à l’aéroport de Windhoek. L’objectif est de régler le plus vite possible les questions d’intendance pour être, dès le 20 novembre, dans les Aha Hills, ou au moins aux portes de celles-ci ! Les centaines de kilomètres de routes puis de pistes sont avalées en se relayant au volant. Nous nous arrêtons à la tombée du jour, juste après Tsumkwe, car il vaut mieux ne pas s’aventurer sur les pistes des Aha Hills de nuit… Le timing est respecté…
Le 21 novembre, en route vers le coeur des Aha Hills ! Mais les choses seraient trop simples : une importante crevaison impose de faire demi-tour pour réparer les dégâts à Tsumkwe… Il est en effet impératif, dans la zone isolée où nous allons, de disposer de deux roues de secours, en plus des dispositifs anti-crevaisons. L’équipe n’arrive en définitive au premier camp de base que le soir tard…
La mission commence réellement le 22 novembre. Nous rencontrons alors, dans ce « désert », les agents des services vétérinaires du Ministère de l’agriculture namibien. Ils sont chargés d’entretenir la clôture le long de la frontière avec le Botswana. Ils connaissent très bien le secteur. Un agent, Sété partage avec nous son expérience de la brousse pendant toute la première partie de la missions. Il pense pouvoir nous mener à une cavité qu’il aurait repéré. Malgré une très longue marche, il lui est impossible de retrouver la cavité. Cependant, son expérience du milieu est essentielle pour l’équipe et Sété nous accompagne dans nos prospections dans les Aha Hills jusqu’au 25 novembre Cette région devient de plus en plus familière…
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Le 25 novembre : repos et intendance. Nous profitons de la nécessité de nous rendre à Tsumkwe où notre roue est en réparation pour faire le plein d’eau et d’essence. Repos imposé… La chaleur est très forte, même si les soirées sont rafraîchies par des orages… C’est la saison des pluies, la végétation est très verte et fleurie, les insectes (papillons, guêpes et abeilles), les scorpions et autres solifuges sont très nombreux.

Les 26 et 27 novembre, après un changement de camp de base, sont consacrés à des prospections dans le sud des Aha Hills. Les collines sont plus marquées dans le paysage qu’au nord. Pas de nouveauté coté karst ! Un nouveau site MSA est repéré, dans la même configuration que les indices identifiés au pied de la colline du Léopard lors des précédentes missions. Les sites archéologiques sont localisés au pied de collines recelant des matières premières favorables à la taille.
Le 28 novembre, les prospections continuent sur les collines dans l’axe morphologique du paléokarst. Un nouveau site MSA est repéré, mais surtout une cavité !

En pleine dolomie (roche composée de dolomite et de calcite), la cavité est localisée au sommet d’une colline, très éloignée des pistes, nécessitant plusieurs heures de marche pour l’atteindre… Elle est remplie de sédiment presque jusqu’au plafond. C’est notre première cavité !

Deuxième partie : Ovati Mountains
Le 29 novembre, changement de secteur. Comme prévu, nous nous rendons plus à l’ouest, dans les Otavi Mountains, contenues dans un triangle Otavi-Grootefontein-Tsumeb. Nous campons au centre de ce triangle, à Ghaub Farm. L’objectif est de se faire l’œil afin de mieux comprendre ce que nous avons dans les Aha Hills.


Ainsi, le 30 novembre, nous commençons pas le secteur de Berg Aukas, un peu à l’est de Grootfontein. C’est dans une des anciennes mines, notamment de vanadium, ouvertes dans ces collines qu’a été découvert le fossile d’Otavipithecus par Brigitte Senut et Martin Pickford.

Le 1er décembre, c’est le secteur central puis de Kombat que nous visitons, avec ses très nombreuses anciennes mines (pyrite, malachite, plomb…).
Le 2 décembre, nous explorons deux grands effondrements massifs verticaux. Des babouins nous chassent du premier, très impressionnant, et le second révèle une brèche à microfaune inédite… Nous visitons aussi la grotte du Souffle du Dragon (Drachenhauchloch), mais n’atteignons pas son lac souterrain.

Le 3 décembre nous explorons le secteur de Nosib Farm, avec notamment Nosib Cave puis la mine d’Arassib 3, décrite par Brigitte Senut et Martin Pickford.



Enfin, le 4 décembre, avant de retourner à Windhoek, où nous attendent conférence, interview radio et rendez-vous d’ambassade, nous visitons la mine géante de Asis Ost…
La quatrième mission du projet Human origins in Namibia s’achève avec beaucoup d’enthousiasme. Avec son paléokarst, sa découverte d’une cavité, ses nouveaux sites MSA et ses perspectives de découvertes que pourraient encore révéler le secteur des montagnes d’Otavi, l’équipe repart avec l’idée que la persévérance commence à porter ces fruits. Il faut revenir le plus vite possible, car l’aventure scientifique ne fait que commencer…

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Au cœur des montagnes d’Otavi vers Nausib Farm (c) M. Jarry

Coucou de l’équipe à Nathalie et Alexander pour leur accueil toujours très très chaleureux dans leur guest house : le Londiningi à Windhoek ! Merci !
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