Le Paléolithique en Midi toulousain : quoi de neuf ?
Axe important qui structure le Sud-Ouest français entre les Pyrénées et les contreforts du Massif central, le couloir garonnais est riche en sites préhistoriques du Paléolithique. Pourtant, le contexte géologique n’est pas très favorable à leur identification et leur étude. Les recherches récentes permettent cependant de proposer un cadre de plus en plus net de ces occupations, même si des zones d’ombres persistent encore.

Les vestiges archéologiques parvenus jusqu’à nous sont essentiellement en pierre, la faune n’étant malheureusement pas conservée dans les terrains acides des terrasses alluviales de la Garonne. Ici l’utilisation des galets de rivière des alluvions par les préhistoriques confèrent aux outils des formes parfois différentes de celles obtenues avec du silex, souvent mieux connues.
Pour le Paléolithique inférieur toulousain, les premières occupations, dites « pré- acheuléennes » – sont malheureusement encore rares et mal caractérisées, bien que quelques indices laissent penser que les préhistoriques étaient bien dans la région. Ensuite, à partir d’environ un demi-million d’années (impossible en l’état d’être plus précis), l’Acheuléen, est présent. Il commence avec une phase dite « moyenne » qui comporte une première période « archaïque », représentée par un débitage peu développé d’éclats non
standardisés, des bifaces et des hachereaux peu normés et faiblement élaborés. Lui succède un Acheuléen moyen « classique », avec une production qui reste peu standardisée mais des méthodes de taille qui se diversifient. Les bifaces et hachereaux sont très présents et de meilleure facture, complétés par des outils sur galets. Enfin, l’Acheuléen supérieur, qui a probablement duré jusqu’à environ 150 000 ans avant le présent, est caractérisé quant à lui par une composante acheuléenne (bifaces et hachereaux) qui devient très discrète et la production d’éclats souvent standardisés, sur des matériaux de plus en plus variés et selon des méthodes de plus en plus complexes qui annoncent le Paléolithique moyen.

Pendant cette nouvelle période, le Moustérien, culture associée à l’Homme de Neandertal, est bien présent dans la région toulousaine. Les matériaux sont plus variés, la production d’éclats est maintenant standardisée et une méthode de taille particulière et complexe, dite Levallois, est alors bien exprimée. Vient ensuite le Paléolithique supérieur, qui voit Homo sapiens remplacer Neandertal. Ce nouvel occupant, venu d’Afrique, est présent dans toute l’Europe à partir d’environ 35 000 ans avant le présent. Pourtant, il est absent de la vallée de la Garonne ! Il est pourtant particulièrement bien connu dans les vallées profondes qui descendent des Pyrénées ou du Massif central (cf. par exemple des grottes de Niaux, du Mas d’Azil, de Bruniquel…). Cette absence de la grande vallée est mise sur le compte, par les études récentes, de la rudesse d’un désert froid et aride occupant le couloir garonnais pendant la dernière grande glaciation. Les préhistoriques préfèrent alors se réfugier, avec les gibiers, dans les vallées protégées du vent glacial, du piémont pyrénéen et aux marges du Massif central. Les peuplements paléolithiques dans le Midi toulousain se seraient alors effectués au gré de pulsations où alternent la contraction des espaces occupés pendant les phases glaciaires et leur dilatation pendant les interstades…
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’Atlas archéologique du Midi toulousain sur le site de l’Inrap.
Marc Jarry : Archéologue, préhistorien et membre du CA

Merci à Marc Jarry de m’avoir aidé dans l’écriture de cet article sur le Paléolithique en Midi toulousain.
Marc Jarry est docteur en archéologie préhistorique. Il est ingénieur chargé de recherches délégué du directeur adjoint scientifique et technique Midi-Pyrénées à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Il est aussi membre du laboratoire Traces à Toulouse (Cnrs UMR5608). Dans un premier temps, il étudie les industries lithiques du Paléolithique inférieur et moyen, notamment dans la vallée de la Garonne. à l’heure actuelle, ses recherches portent plus sur les modalités d’occupations des espaces, d’exploitation des milieux et les dynamiques de peuplements au cours du Paléolithique. Il est co-responsable du programme collectif de recherche sur la grotte du Mas d’Azil en Ariège et il participe aux missions HoN (Human origins in Namibia) et HB (Hominins in Botswana), aux origines de l’Humanité.
Marc Jarry est membre fondateur de Grottes & Archéologies. Il s’est engagé dans cette association pour que l’archéologie, science de l’Homme par excellence, au-delà de son apport à la connaissance, puisse être utilisée comme vecteur de transmission d’un certain nombre de valeurs. La démarche scientifique qui accompagne cette discipline permet en effet de véhiculer, notamment, des idées humanistes, environnementalistes, et ce pour des publics ne disposant pas toujours de l’accès à ces types de cultures.