Le Mas d’Azil est reconnu dans le monde entier comme étant la grotte recelant le plus d’art mobilier préhistorique d’Europe. Cette année, la fouille du Mas d’Azil accueille sur site des chercheurs venus des 4 coins du monde : Italie, Botswana, Papouasie-Nouvelle Guinée. Focus sur cette opération et les échanges qu’elle suscite.

Zoom sur le PCR du Mas d’Azil
Fouillée depuis le 19e siècle, la grotte du Mas d’Azil n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Le site est sujet, depuis 2011, à de multiples opérations d’archéologie : préventives (menées par l’Inrap), de recherches (prospections thématiques) ou bien projet collectif de recherche (PCR), le Mas d’Azil continue de surprendre les archéologues par la richesse des données qu’elle fournit.
2023 sonne la fin de la triennale du PCR. Marc Jarry, Céline Pallier, François Bon et Laurent Bruxelles coordonnent depuis 2013 une équipe transdisciplinaire : archéologie, karstologie, géomorphologie, géoarchéologie, topographie, archéozoologie….
Les recherches menées sur la grotte du Mas d’Azil ont pour objectif :
– d’édifier une cartographie générale de la grotte et de ses remplissages, intégrant les états antérieurs ;
– de comprendre l’histoire de la grotte (évolution chronologique de sa formation et de son évolution) ;
– d’évaluer le potentiel des niveaux archéologiques encore présents dans le monument.
L’année 2022 avait ainsi permis la réalisation de grands nettoyages et l’ouverture tant attendue d’un sondage en rive gauche. Ainsi, du mobilier magdalénien, azilien et mésolithique avaient été mis au jour. À cela s’ajoute un travail de compilation générale de datations radionumériques, un inventaire et une première exploitation des archives d’André Alteirac conservées au musée du Mas d’Azil.
La fouille de cet été prolonge les efforts engagés en rive gauche notamment dans la poursuite des approches géoarchéologiques.



Des étudiants et chercheurs étrangers venus du monde entier
Le chantier du Mas d’Azil, se veut être un chantier-école permettant la formation des étudiants en filière d’archéologie. Il accueille chaque année une dizaine d’étudiants de master de Pré-Protohistoire de l‘université de Toulouse mais également des étudiants en licence d’archéologie.
Cette année le chantier a également accueilli des étudiants étrangers venus de Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG) et d’Italie. En effet, l’Université Jean Jaurès propose un double diplôme franco-italien avec l’université de Ferrare, ce qui permet à des étudiants italiens de venir s’exercer à l’archéologie en France.
Bien que la venue d’étudiants italiens ne soit pas un fait nouveau pour le Mas, celle d’une étudiante Papou en est un ! En effet, dans le cadre de sa première année de master, Avis Babalu, a eu l’opportunité de venir enrichir ses connaissances et ses compétences sur le chantier du Mas d’Azil. Sa venue, comme son master, est sponsorisée par Total Énergie dans le cadre d’un projet énergétique en PNG.


Mission HOB des chercheurs Botswanais présents au Mas d’Azil
Human Origin in Botswana (HOB), voici le projet qui expliquerait l’intrigante présence cette année de chercheur·euses Botswanais·es sur le chantier.
HOB, mission menée sous la direction de Laurent Bruxelles, chercheur CNRS, fait suite au travail de datation initié en 2014 sur un fossile nommé Little Foot qui remonterait à 3,67 millions d’années, soit plus vieux que Lucy. Depuis cette découverte, Laurent a donc monté les missions Human Origin et a arpenté le Mozambique et la Namibie puisque selon lui le berceau de l’humanité ne se trouve pas qu’en Afrique de l’Est.
Ces missions Human Origins, ont entrainé une collaboration étroite entre l’Afrique et la France. Cela permet de créer des échanges autant sur la connaissance que sur les compétences, non seulement d’un point de vue recherche que valorisation du patrimoine.
Il est à noter que la mission HOB a été initiée en 2021 par une première mission de prospection et de fouilles au Botswana. Le Dispositif de Soutien aux Collaborations avec l’Afrique subsaharienne (DSCA) porté par le CNRS a soutenu le chercheur financièrement, lui permettant de développer cette collaboration avec le Botswana National Museum. En retour de cette aide financière, certains de ses homologues Botswanais·ses ont pu être accueillis dès 2022 à Toulouse pour plusieurs rencontres, visites et mission de terrain.
Au programme : visites de grottes, séminaires autour de la question du patrimoine et sessions de terrain au Mas d’Azil. Une première rencontre franco-botswanaise à Toulouse réussie, tant du point de vue relationnel que scientifique, donnant envie à tout le monde de réitérer l’expérience en 2023
Ainsi, en juillet 2023, les Botswanais·ses ont eu de nouveau la chance de visiter les grottes de la région, de participer à la session de terrain du Mas d’Azil entourés d’une équipe multidisciplinaire. Cela leur a permis d’expérimenter de nouvelles techniques de fouille, de tester du matériel de pointe notamment pur la topographie. Cette expérience a également été l’occasion d’échanger les savoirs et les compétences respectives de chacun·unes.





Bien que le langage puisse parfois être une barrière, l’archéologie, elle, est une langue universelle, et toute la petite équipe s’est très bien entendue ! Cela a parfois pu donner lieu à des situations cocasses…
Pour en savoir plus sur leur venus, partez à la découverte de One et Avis dans la petite vidéo ci-dessous :
En résumé, la fouille du site archéologique et historique du Mas d’Azil au delà d’être un site majeur en Préhistoire, est également un prétexte à la formation des archéologues de demain aussi bien français qu’étrangers. Elle est aussi un moyen de créer des liens scientifiques et relationnels à l’international en particulier avec l’Afrique.

Toute cette grande communauté internationale s’est réunie pour célébrer la fête nationale le 14 juillet 2023. L’occasion de fêter la fin des fouilles. Les étudiants, les locaux, les bénévoles de l’asso et tout ceux qui sont venus ont ainsi pu échanger avec les étudiants et les chercheurs venus de France, d’Italie, de Papouasie et du Botswana !
